La tresse malgache et ses significations
“Pour les Malgaches, la tresse a une valeur culturelle car c’est un véritable symbole de liens, de fraternité et d’union. Chaque natte a sa signification ethnique et son usage varie en fonction des évènements : circoncision, deuil, mariage… Autrefois, c’était la tresse qui montrait le charme des femmes malgaches, car elles ne mettaient ni bijoux ni chaussures et ne portaient que du lamba en guise d’habillement.”
En plus d’être une création esthétique, l’art de la coiffure est un fruit de la coquetterie qui peut être révélé chez l’homme comme chez la femme. En effet, la coiffure a pour but principal de conquérir et de séduire. Cela a été toujours vérifié chez les deux sexes dans les traditions malgaches. Pour chaque tribu, l’entrelacement des cheveux présentaient une large sélection de variétés et chacun plaçait leur fierté dans leur présentation artistique. Outre l’esthétique, la façon dont se nattait une personne permettait de spécifier son âge, son origine ainsi que son rang social. C’était aussi une vraie arme de séduction pouvant évoquer le ménage et l’amour. La preuve ? « La femme devait dépeigner sa chevelure et la porter férocement hérissée à ses épaules quand son époux meurt». Lorsqu’un petit garçon est circoncis, toutes les femmes appartenant à sa famille ne doivent arborer qu’une seule et unique tresse… Actuellement, les jeunes adoptent les tresses pour être à la mode.
La tresse malgache au féminin
Autrefois (et même jusqu’à maintenant), dans certaines régions de Madagascar, toutes les femmes dans une même famille se coiffaient de la même façon : en « randra-madinika » ou en « difisesy » durant une cérémonie de circoncision. Quant aux petites filles, elles portaient des « lambomiditra », les veuves devaient impérativement porter des bango tokana » et les femmes ainsi que les adolescentes le « tana ivoho ».
Significations de la tresse pour la gent masculine
Les hommes merina avaient abandonné totalement les anciens modes de coiffures bien avant la guerre de 1914. C’était aussi le cas pour grand nombre de Betsileo. Toutefois, ceux des autres tribus restaient toujours fidèles à leurs anciennes habitudes. Ainsi, rien qu’en regardant leur coiffure, il était facile de déterminer le groupe ethnique auquel ils appartenaient. A propos des Betsimisaraka, l’amiral Van Neck a fait remarquer que les hommes portent les cheveux de différentes manières : ceux qui sont en deuil ont des cheveux en petit nombre épars ou tressés en plusieurs petits nœuds. D’autres adoptent une forme de cornes qui tombent…
En 1965, Bontekoe écrivait au sujet des résidents de la baie de Sainte-Luce (“Antanosy”) : « Quelques-uns arboraient de longs cheveux et d’autres les avaient frisés comme une laine de mouton. De leur côté, les femmes les avaient attachés sur leur tête par petites nattes et les lubrifiaient avec de l’huile, ce qui fait qu’ils brillent au soleil. La majorité des hommes s’en servaient de la même manière ».
Flacourt écrivait sur les “Antanosy” : « Leurs chevelures, aux Grands et aux Rohadrians, sont droits et longs, qu’ils appellent « tsonsavoulou (tsotravolo)”. Ils ne les nattaient jamais, mais les huilaient seulement et les empesaient d’une façon assez étonnante avec de la cire, en les coiffant en forme de couronne. Les indigènes (les nègres) les tresses assez convenablement. Il est pénible de différencier la tête d’un homme et d’une femme. Effectivement, les hommes accommodent et portent leurs cheveux pareillement que les femmes ».
Coiffure et périodes de deuil
Sachez que pour l’ethnie “merina”, la coiffure traditionnelle masculine a disparu dès le décès de la reine Rasoherina en 1868. La disparition des soldats marquait également la fin du « cimier transversal ». Pour les femmes, la coiffure traditionnelle se modifiait en « Tananivoho », qui est toujours en vogue jusqu’à aujourd’hui. Lors d’une période de deuil royal, la coutume exigeait que tout le peuple doive sacrifier toute sa chevelure. Les femmes comme les hommes se rasaient le crâne, à l’exception des princes et princesses et quelques-uns de leurs proches. Cette coupe se renouvelait beaucoup de fois durant la période de deuil, qui pouvait durer toute une année. Pour le décès de Radama Ier, cette recoupe a lieu trois fois.